CELI: en exploitez-vous tout le potentiel?
10 novembre 2015
Même si le plafond annuel de cotisation à un compte d’épargne libre d’impôt (CELI) a presque doublé en 2015, ce type de placement demeure un mystère pour la moitié des Canadiens.
Telle est la conclusion d’un sondage publié en juillet dernier, qui révélait en outre que 38% des répondants ignoraient ce qu’il advenait des droits de cotisation non utilisés.
Une situation qui n’étonne pas le conseiller en sécurité financière Fabien Major, associé principal chez Major Gestion privée et auteur du livre Investir dans un CELI (Éditions Transcontinental), qui note que les principales responsables de cette méconnaissance sont les institutions financières. « Elles font une promotion du CELI comme si ce n’était qu’un vulgaire compte de banque et l’assortissent généralement d’un taux d’intérêt anodin tournant autour de 1 %. Les épargnants n’en connaissent ni l’utilité, ni les possibilités. »
Or, comme le CELI peut notamment contenir des fonds communs de placement, des CPG, des obligations et des actions, « un portefeuille équilibré peut aisément rapporter des taux de rendement de 6 ou 7% ».
C’est le compte projet idéal, poursuit Fabien Major. Vous voulez rénover la maison, acheter un chalet, partir aux îles Fidji? Vos choix d’investissement devraient tenir compte du temps disponible avant la réalisation du projet. « Par exemple, si votre horizon est de 3 ou 4 ans, vous devriez opter pour un pourcentage de 30 ou 40 % d’actions au maximum. Il y aura de la volatilité, mais il y aura aussi des récompenses au bout de la période. »
Attention aux placements assortis de règles de rachat et de pénalités, prévient-il, tels les certificats de dépôt non rachetables.
Un bon plan retraite
Les travailleurs autonomes ont particulièrement intérêt à se constituer un fonds de retraite à partir du CELI, croit Fabien Major. Lors d’une période creuse, ils peuvent ainsi piocher dans leurs économies sans être pénalisés. « On peut aussi compartimenter le CELI de façon à constituer un fonds d’urgence utilisable à court ou à moyen terme, et un autre qui servira à financer la retraite. »
Selon Jean-François Robert, représentant de courtier en épargne collective, seules deux catégories de contribuables sont plus avantagées par les RÉER que par le CELI : ceux qui gagnent plus de 100 000 $ par an, et les familles avec enfant(s) mineur(s) dont le revenu familial oscille entre 35 000 $ et 55 000 $. « Grosso modo, pour tous les autres, considérez qu’il est beaucoup plus avantageux d’investir dans un CELI que dans un RÉER en vue de la retraite. »
À l’abri des mauvaises surprises
Cette situation s’explique par le traitement fiscal des décaissements des RÉER, qui s’ajoutent aux revenus au moment de la retraite et font grimper le taux d’imposition. Jean-François Robert a analysé le puzzle sous toutes ses coutures en se basant sur des courbes d’impôt découlant des travaux d’un ex-professeur en fiscalité de l’UQAM, Claude Laferrière. En bref, il est faux de croire que le taux d’imposition sera moindre à la retraite, souligne-t-il.
« Le RÉER est un poison vif pour la majorité des contribuables. Lorsque vous en retirez un montant, il est impossible de savoir ce qui vous restera dans vos poches à la fin de l’année. Le portrait est beaucoup plus clair avec le CELI. »
Pour utiliser le CELI à son plein potentiel sur du long terme, le portefeuille devrait refléter celui des RÉER, selon lui, et ne pas contenir plus de 75 % d’actions. Après tout, ce sera votre salaire une fois à la retraite !
Source: lesaffaires.com